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Traditions-OK
Numéro 28 - Novembre 2012

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Coordonnateur du réseau et rédacteur en chef du bulletin:
Kenneth Ruddle, Asahigaoka-cho 7-22-511, Ashiya-shi, Hyogo-ken, Japon 659-0012.

Production:
Cellule information halieutique, CPS, B.P. D5, 98848 Nouméa Cedex, Nouvelle-Calédonie.

Produit avec le concours financier de l'Australie, la France et la Nouvelle-Zélande.


Éditorial

Les deux articles présentés dans ce numéro examinent la protection de la biodiversité marine et des fonctions écologiques sous l’angle d’un cadre de gestion alliant les croyances et/ou institutions locales aux systèmes de gestion modernes.

Le premier article, intitulé « Lieux de pêche tabous : préserver les pêcheries océaniques pour la postérité ? », nous vient de Philippa Cohen et Simon Foale, qui relèvent tous deux du Centre d’excellence pour l’étude des récifs coralliens du Conseil australien de la recherche, à l’Université James Cook de Townsville (Australie). Les auteurs examinent les connaissances actuelles sur les fermetures périodiques de la pêche imposées dans le Pacifique tropical dans un but de gestion et de conservation des ressources ; ils montrent comment la science halieutique peut être appliquée à la pratique des tabous pour atteindre les objectifs sociaux et écologiques, et les objectifs de gestion des pêches, et soulignent les principales questions et problèmes qu’il convient de soulever ou de prendre en compte dans les recherches sur les tabous imposés dans un souci de gestion et de conservation des pêcheries, ou pour leur application. Il serait, selon eux, peu avisé de formuler des généralités sur la clôture de la pêche par tabous, compte tenu notamment de l’importante variabilité des conditions écologiques et des stratégies de pêche d’un site à l’autre. Ils font aussi valoir que la pratique des tabous doit être interprétée à la lumière des évolutions complexes et entremêlées du contexte social, économique et écologique. En dépit de leur incontestable utilité, il ne faut jamais perdre de vue que le recours aux tabous sur la pêche ne résout en rien les causes sous-jacentes à l’origine de la surpêche. Celles-ci doivent nécessairement faire l’objet d’interventions aux niveaux national, régional et mondial.

Le second article, « Gestion mixte, coutumière et écosystémique, pour la conservation des ressources marines du Triangle de corail », a été écrit par Shankar Aswani, de l’Université de Californie à Santa Barbara (États-Unis d’Amérique). L’objectif général de l’auteur est de fournir des lignes directrices pour la recherche appliquée sur la conception de systèmes de gestion hybrides visant à développer la résilience sociale et écologique des communautés côtières du Triangle de corail, qui seront de plus en plus confrontées à la surexploitation des ressources et aux répercussions du changement climatique mondial. Il examine différents moyens d’améliorer la gestion et la préservation des ressources côtières et marines, en s’appuyant sur des alliances forgées entre les institutions internationales, les communautés locales, les organismes de proximité, les organisations non gouvernementales et les autorités régionales et nationales de cette région. Il conclut en rappelant que, même si les programmes hybrides offrent une approche différente, plus complète, de la gestion des écosystèmes marins, ils ne sont pas pour autant la solution miracle à tous les problèmes de gestion des ressources terrestres et marines.

Dans ce numéro, nous présentons plus de publications relativement récentes qu’à l’accoutumée. Ce sont, premièrement : « Poverty mosaics: Realities and prospects in small-scale fisheries », un ouvrage dirigé par Svein Jentoft et Arne Eide, tous deux du Collège des pêches de l’Université de Tromso (Norvège) ; deuxièmement : « Managing coastal and inland waters: Pre-existing aquatic management systems in Southeast Asia », publié par Kenneth Ruddle et Arif Satria. Kenneth Ruddle appartient au RECERD (Centre de recherche sur les ressources et le développement rural), basé à Hanoï (Viêt Nam), et Arif Satria est le doyen de l’Université agricole de Bogor (Indonésie). Troisièmement, « Fisheries management in Japan: Its institutional features and case studies », a été écrit par Makino Mitsutaku qui travaille à l’Institut national de recherche en science halieutique, de l’Agence de recherche sur les pêches du Japon. Ces trois ouvrages sont publiés par Springer, à Dordrecht et Heidelberg.

Par ailleurs, c’est pour moi un vrai plaisir de vous présenter « Explaining human actions and environmental changes », un ouvrage d’Andrew P. Vayda qui, au fil d’une centaine d’articles et de plusieurs livres, s’est spécialisé dans l’étude de l’interface entre sciences sociales et sciences écologiques, et dans leur méthodologie. Ses recherches, qui transcendent souvent les limites de différentes disciplines, portent à la fois sur des questions philosophiques et sur des thématiques allant de la guerre aux migrations, en passant par les feux de forêt et la lutte contre les ravageurs. Il a dirigé de nombreux projets de recherche sur les interactions entre peuples et forêts en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou y a participé. Bien qu’il reste très étroitement associé à la recherche sur les incendies dans les zones humides d’Indonésie, « Pete », Vayda est désormais professeur émérite d’anthropologie et d’écologie à l’Université Rutgers du New Jersey (États-Unis), après avoir été professeur à l’Université Columbia de New York. Il est le fondateur de la revue Human Ecology, dont il a été l’éditeur pendant cinq ans.

Bien que les sociétés de pêche ne soient pas la spécialité d’A.P. Vayda, nous avons tous beaucoup à apprendre de son approche de la recherche et de son intégration dans les sciences sociales. Il est particulièrement rafraîchissant de le voir déclarer qu’il ne pourra y avoir d’intégration tant que l’on donnera la priorité à la théorie et aux méthodes, comme le veut la mode actuelle. Selon lui, la recherche sociale devrait au contraire se concentrer en priorité sur l’analyse de faits concrets et sur leurs relations de cause à effet, tandis que la théorie et les méthodes devraient être reléguées à un simple rôle d’appui. Je vous encourage vivement à lire ce livre ; vous en sortirez éclairés, et récompensés de vos efforts. En tout cas, ce livre vous donnera matière à réflexion. Quant à moi, il ne me reste qu’à espérer que vous déciderez de prendre modèle sur la démarche que Vayda préconise avec tant de lucidité.

Kenneth Ruddle


Sommaire

Lieux de pêche tabous : préserver les pêcheries océaniques pour la postérité ?
Cohen P., Foale S. (pdf: 214 KB)
Gestion hybride coutumière et écosystémique pour la conservation des ressources marines dans le Triangle de corail
Aswani S. (pdf: 1 MB)
 

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