Mireille Chinain

Mireille

Mireille Chinain, Scientifique, Polynésie Française

 

Scientifique originaire de Polynésie française, Mireille Chinain est le fer de lance des recherches régionales sur la ciguatera, une toxi-infection alimentaire causée par la consommation de poissons tropicaux et subtropicaux contaminés par des toxines provenant de leur alimentation.

Problème de santé publique, la ciguatera a également des répercussions importantes sur l’économie des pays touchés, notamment dans les États et territoires insulaires océaniens, où l’alimentation des populations dépend très fortement des ressources côtières. D’après les estimations, pour le seul le Pacifique Sud, ce sont plus de 500 000 personnes qui auraient été atteintes de ciguatera ces 35 dernières années.

La Polynésie française, qui figure parmi les régions les plus touchées au monde, est la seule, en Océanie, à posséder une unité de recherche dédiée à la ciguatera depuis la fin des années 1960.

Mme Chinain dirige depuis 2000 le laboratoire de recherche sur les micro-algues toxiques de l’Institut Louis Malardé de Tahiti, dont les succès sont internationalement reconnus. Elle avait auparavant travaillé pendant dix ans au sein de l’unité d’océanographie médicale de l’institut.

Son laboratoire est l’un des rares au monde capable de cultiver en grande quantité cette micro-algue marine, utilisée pour la production à grande échelle et la purification des ciguatoxines. En l’absence notoire d’étalons commerciaux, ces cultures constituent une source majeure de matériel de référence pour la mise en place de programme de sécurité sanitaire des produits de la mer au niveau mondial.

Ces dix dernières années, son laboratoire s’est également spécialisé dans les programmes de suivi des algues et toxines dans les lagons de Polynésie française et d’Océanie afin de proposer aux populations locales une carte des risques détaillant les zones touchées. Confrontée à plusieurs reprises à la détresse des Océaniens, notamment dans les régions reculées où la ciguatera est souvent considérée comme une fatalité, Mme Chinain milite pour la mise en place de programmes de prévention plus efficaces afin de réduire l’impact de l’infection.

Une partie du travail de terrain de son laboratoire est donc consacrée à des réunions d’information, des présentations et des séances de sensibilisation pour les personnels de santé publique, les communautés et les écoles. Ses efforts portent leurs fruits, comme en témoigne la forte baisse du taux d’incidence annuelle chez les populations ciblées dans les années qui suivent les interventions, un résultat en partie attribuable à des stratégies d’évitement des espèces et des zones de pêche à risque.

Afin d’offrir à ces communautés des outils pratiques pour lutter au quotidien contre le risque de ciguatera, ses recherches sont également axées sur la validation scientifique de pratiques traditionnelles répandues au sein des communautés insulaires, notamment le recours à des tests artisanaux de détection des poissons impropres à la consommation humaine ou les remèdes traditionnels.

Mme Chinain est également co-responsable de la mise en place d’un plan stratégique international de lutte contre la ciguatera pour le Groupe intergouvernemental chargé d’étudier les efflorescences algales nuisibles.

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