Augmenter les taxes sur les boissons sucrées pour des communautés en meilleure santé

Nouméa

Il n’y a pas si longtemps, les Océaniensbuvaient un jus de citron pressé ou l’eaurafraîchissante d’une noix de coco pourse désaltérer. Aujourd’hui, ils boivent plus volontiers du sirop ou une boissongazeuse ou sucrée. Le phénomène s’estmalheureusement généralisé : dans lespetites épiceries des villages les plus isolésde la région, dans les commerces deproximité des quartiers de nos villes ou dansles distributeurs de boissons installés dansles établissements scolaires, les boissonssucrées sont omniprésentes. La vente deboissons sucrées est un secteur très lucratif,et aucune région du monde n’échappe auxaffiches publicitaires qui envahissent notrecadre de vie, que ce soit au bord des routesou au sommet des collines, et jusque dansles transports en commun.

La Feuille de route relative aux MNT enOcéanie, approuvée par les dirigeants duForum des Îles du Pacifi que, s’inscrit dansle droit fil de l’Objectif de développementdurable n° 3, qui vise à permettre à tous devivre en bonne santé et à promouvoir lebien-être de tous à tout âge. C’est dans cadre que la Communauté du Pacifique (CPS)oeuvre, aux côtés des pays membres, à laréduction de la consommation de boissonssucrées, dont on sait qu’elles comptentparmi les causes sous-jacentes de la crisedes maladies non transmissibles (MNT)sévissant actuellement dans la région.

L’une des principales stratégies proposées dans la Feuille de route consiste à taxerdavantage et à mieux réglementer les produitsalimentaires et les boissons présentant unlien direct avec les MNT. Il s’agit par ailleursde mieux informer le public des méfaitsde certains aliments et boissons favorisantl’apparition de ces maladies. Conformément àla Feuille de route, les pays insulaires océaniensdoivent prendre l’initiative d’élaborer desplans stratégiques multisectoriels de luttecontre les MNT prévoyant notamment : lerenforcement de la lutte contre le tabagisme ;l’adoption de politiques visant à réduire laconsommation de produits alimentaireset de boissons présentant des liens directsavec les MNT – et plus particulièrement lesel et les boissons sucrées ; l’améliorationde l’efficience et de l’impact des dépenses de santé par la réaffectation des ressourcesà la prévention primaire et secondaireciblée des maladies cardiovasculaires et dudiabète ; et l’amélioration des connaissancesindispensables à la réussite des interventionsaxées sur les MNT.

Comme le rappelle Paula Vivili, Directeurde la Division santé publique de la CPS, lePacifique souffre d’une forte dépendanceà l’égard des produits alimentaires et desboissons importés. Soucieuse de contribuerà renverser cette tendance, la CPS aentrepris d’aider les pays de la région danscinq grands domaines d’intervention.

« L’un des principaux axes de travailretenus dans la Feuille de routerelative aux MNT consiste à revoirles cadres politiques et législatifs envigueur dans les pays de la région afin d’en renforcer l’application et, ainsi, delutter de manière plus efficace contreles déterminants socioéconomiquesdes MNT », explique M. Vivili.

Selon une publication de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) intituléeFiscal policies for diet and prevention ofnon-communicable diseases (Politiquesfiscales pour l’alimentation et la préventiondes maladies non transmissibles), uneaugmentation de 20 % des taxes sur lesboissons sucrées suffi rait à induire uneréduction de la consommation de boissonssucrées et, partant, une nette diminutiondes apports caloriques chez les sujets qui enconsomment.

La CPS s’emploie précisément à aider lesdifférents pays insulaires océaniens à mettreen oeuvre des politiques visant à accroîtreles taxes applicables aux boissons sucrées.

« On observe déjà des progrès dans cedomaine : 12 pays océaniens ont mis enplace des taxes sur les boissons sucrées,et des consultations sont en coursdans deux autres. Cinq des 12 paysconcernés ont réussi à accroître cestaxes dès 2016, et plusieurs autresdevraient prochainement leuremboîter le pas », explique M. Vivili.

La CPS, en collaboration avec les partenairesrégionaux et les organismes bailleurs de fonds, continue d’aider les pays insulaires océaniensà se doter de législations et de politiquessur les boissons sucrées dans l’espoir quel’augmentation des taxes conduise, à terme,à une baisse de la consommation de cesproduits qui tuent en silence.

« La CPS, encollaboration avecles partenairesrégionaux etles organismesbailleurs de fonds,continue d’aiderles pays insulairesocéaniens àse doter delégislations et depolitiques sur lesboissons sucréesdans l’espoir quel’augmentationdes taxesconduise, à terme,à une baisse de laconsommation deces produits quituent en silence. »

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