« Il est devenu évident qu’avec cet homme, je devrais rester tout le temps sur mes gardes... » 

Suva

Le harcèlement sexuel : des femmes racontent

Le harcèlement sexuel : des femmes racontent

J’ai 32 ans. D’aussi longtemps que je me souvienne, le harcèlement sexuel est quelque chose que j’ai dû affronter pendant la plus grande partie de ma vie professionnelle.

Lorsque j’étais en deuxième année de faculté, j’ai eu l’occasion de travailler à temps partiel sur un programme de développement de la jeunesse. J’étais ravie de participer à ce travail de plaidoyer avec mes pairs.

Mais, à cette époque, j’ai commencé à être l’objet d’attention non désirée de la part d’un collègue beaucoup plus âgé que moi, le directeur des finances de l’organisation (un homme marié dans la trentaine). Au début, il était plutôt sympathique. Il m’a demandé comment je m’habituais au travail et m’a offert son aide. Les choses ont lentement évolué jusqu’à ce qu’il offre de me conduire à la maison après le travail, mais ce n’est qu’à moi qu’il faisait cette proposition, pas à mes autres jeunes collègues. J’ai donc toujours poliment décliné sa proposition.

Je travaillais depuis quelques mois dans l’organisation quand il m’a appelé un jour dans son bureau et, après avoir parlé de tout et de rien pendant quelques minutes, m’a invitée à partir en week-end avec lui dans un hôtel de luxe sur une de nos îles éloignées.

J’ai refusé, bien sûr ! Je lui ai clairement fait comprendre que je ne voulais pas de relation avec lui et que l’attention qu’il me portait n’était pas la bienvenue. Je trouvais la situation glauque et je me sentais très mal à l’aise — j’ai réalisé qu’avec cet homme, je devrais être tout le temps sur mes gardes.

Un nouvel incident s’est produit avec un autre collègue, un chauffeur de l’organisation, alors que nous étions tous deux en mission sur une autre île. Presque dès le début du voyage, il a flirté ouvertement avec moi devant mes collègues, me faisant des commentaires obscènes et suggestifs, alors que j’étais visiblement bouleversée par son comportement.

S’obstinant malgré mon refus, cet homme m’a suivie un soir dans les douches de l’hôtel où nous étions tous descendus. Heureusement, j’avais parlé à mes jeunes collègues de l’attention non désirée dont j’étais l’objet de sa part et je leur avais dit que cela m’avait rendu vraiment mal à l’aise. L’un d’eux, qui avait vu ce qui se passait, est venu me demander si tout allait bien. Le chauffeur est parti tout de suite.

Dès mon retour de mission à Suva, j’ai porté plainte auprès du directeur des ressources humaines de l’organisation.

C’était une personne sympathique qui semblait réellement concernée par mes préoccupations et a pris des notes, mais qui n’a jamais donné suite à cet incident.

Peu de temps après, le programme auquel je participais a pris fin, et les membres de l’équipe ont été licenciés. Ce fut peut-être une bonne chose, car la situation était devenue très stressante. J’adorais mon travail, mais j’étais sans cesse inquiète pour ma sécurité. C’était épuisant.

Je faisais toujours attention à ne pas trop sourire, à éviter les comportements familiers avec mes collègues masculins, car cela aurait pu être perçu comme une invitation. La situation a fini par affecter ma motivation, mon enthousiasme et ma gentillesse, et je n’ai peut-être pas été aussi productive que je sais pouvoir l’être.

Je tiens à ce que les gens sachent que le harcèlement sexuel n’est pas une blague. C’est vexant et irrespectueux, et il faut que ça cesse. Quand une personne ne répond pas favorablement à vos attentions, invitations ou tentatives de flirt, c’est qu’elle n’est pas intéressée. Et quand vous persistez, cela devient du harcèlement.

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16 Days of Activism against Gender-Based Violence Campaign (2017)
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