Le tabagisme, véritable entrave au développement du Pacifique

Nouméa

La Journée mondiale sans tabac, célébrée le 31 mai de chaque année, est l’occasion de mettre en avant les risques sanitaires et autres risques associés au tabagisme, et de promouvoir l’adoption de politiques efficaces pour réduire la consommation de tabac. Et la dure réalité des chiffres le confirme : le tabac tue plus de 7 millions de personnes par an.

Si quelques États et Territoires insulaires océaniens ont réussi, dans une certaine mesure, à faire reculer la consommation de tabac, la région du Pacifique continue d’enregistrer des taux de tabagisme parmi les plus élevés au monde. À Kiribati, à Tokelau, à Nauru, en Nouvelle-Calédonie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Wallis et Futuna, près d’un adulte sur deux fume quotidiennement

Le thème retenu pour la Journée mondiale sans tabac 2018, « Le tabac et les cardiopathies », souligne la forte corrélation entre le tabagisme et la survenue des maladies cardiovasculaires et d’autres maladies graves, comme les cancers. À l’heure actuelle, les maladies cardiovasculaires (crise cardiaque, accident vasculaire cérébral et coronaropathie, notamment) constituent la première cause de mortalité dans les pays océaniens. La proportion de décès dus aux maladies cardiovasculaires oscille entre 21 %, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et 42 %, aux Fidji.

Il ne faut pas croire pour autant que seule la santé des populations est menacée. Le tabagisme représente un lourd fardeau pour les économies nationales et engendre des dépenses de santé supplémentaires, ainsi que des pertes de productivité du fait de la mortalité prématurée liée aux maladies comme les cardiopathies et cancer. La consommation de tabac est la première cause évitable de décès dans le monde et contribue à raison d’environ 12 % de tous les décès dus aux cardiopathies.

La Communauté du Pacifique (CPS) collabore étroitement avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le McCabe Centre for Law and Cancer afin d’aider les États et Territoires insulaires océaniens à exécuter leurs programmes de lutte antitabac aux échelons régional et national. Elle a notamment fourni un soutien à la réalisation des activités suivantes : renforcement des législations de prévention du tabagisme aux États fédérés de Micronésie et aux Samoa américaines ; mise en place d’un programme de sevrage tabagique à Wallis et Futuna et aux Samoa américaines ; et information sur la lutte contre le tabagisme en Océanie et le suivi de la mise en œuvre des politiques et des législations relatives au tabac, à l’aide du tableau de bord de l’Alliance océanienne pour le suivi de la lutte contre les MNT (MANA).

Les pays océaniens sont conscients du fardeau et du coût que représente le tabagisme, et prennent des mesures en conséquence. Ces dernières années, plusieurs États et Territoires insulaires océaniens ont relevé les taxes sur les produits du tabac, et sept ont atteint l’objectif fixé au titre de la Feuille de route régionale relative aux maladies non transmissibles (MNT) de porter ces taxes à 70 % du prix de détail. En outre, on note un renforcement des législations antitabac, notamment en ce qui concerne l’étiquetage et le conditionnement des produits du tabac, l’interdiction de fumer dans les lieux publics et les restrictions sur la publicité, la promotion et le parrainage par l’industrie du tabac à l’échelon national.

Lors de la Réunion des ministres de la Santé des pays océaniens de 2017 (Îles Cook) et de la Réunion des directeurs océaniens de la santé de 2018 (Fidji), les dirigeants se sont engagés à mettre en place et à renforcer les législations nationales en vue de veiller à ce que l’ensemble des pays océaniens appliquent les dispositions de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Par ailleurs, ils se sont engagés à respecter ou à dépasser l’objectif de taxation des produits du tabac fixé au titre de la Feuille de route relative aux MNT, de manière à réduire considérablement l’accessibilité économique des produits incriminés et à contribuer à la concrétisation de l’objectif d’un Pacifique sans tabac à l’horizon 2025.

Même si de nombreuses mesures ont été prises, on s’accorde à reconnaître que les progrès restent insuffisants pour réduire le fardeau du tabagisme et atteindre la cible 3.4 des Objectifs de développement durable (ODD) se rapportant aux MNT. Des mesures complémentaires visant à accélérer l’application des engagements pris s’imposent d’urgence pour prévenir ce problème, par le biais de politiques fiscales innovantes, d’un conditionnement neutre des produits du tabac, d’avertissements graphiques, d’un meilleur contrôle des licences pour la vente de tabac, de restrictions des ventes, etc.

Le tabagisme est une entrave au développement de notre région, car il nous empêche de réaliser notre plein potentiel. Il est grand temps que nous sortions de cette spirale mortifère.

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