Perliculture aux Tonga – Crédit photo : Poasi Fale
L’aquaculture est probablement le secteur de production alimentaire qui affiche la croissance la plus rapide au monde, assurant près de 50 % de l’offre de poissons destinés à la consommation. Elle revêt une importance particulière dans les régions où le poisson constitue la principale source de protéines animales.
En Océanie, l’importance commerciale du secteur est actuellement très limitée ; c’est ainsi qu’il représentait à peine 3 % de la production totale de l’Asie-Pacifique en 2014. Toujours en 2014, la production aquacole océanienne correspondait à environ 3,6 % de la valeur totale de la production halieutique de la région. Aux Philippines en revanche, la même année, l’aquaculture représentait 39 % de la production halieutique totale.
C’est dans ce contexte que la CPS a lancé en 2016 un projet quinquennal visant à améliorer la sécurité alimentaire et à promouvoir la croissance économique en développant l’aquaculture. Le projet comporte un volet relatif à la biosécurité aquatique englobant un ensemble de protocoles et de mesures normalisés visant à réduire au minimum les risques biologiques associés aux environnements aquatiques, à savoir les maladies, les organismes nuisibles et les espèces envahissantes. Au travers d’actions de développement des compétences, de mentorat et de transfert de technologies, la CPS renforce les compétences nationales des pouvoirs publics, des pisciculteurs et des entreprises pour améliorer la gestion sanitaire et la biosécurité des animaux aquatiques et respecter les normes commerciales internationales, dans le but de garantir la sécurité sanitaire des aliments, la sécurité alimentaire et la création de revenus.
Les Tonga sont l’un des 12 pays océaniens à avoir sollicité l’assistance technique de la CPS en matière de biosécurité aquatique en 2017. L’aquaculture tongienne est en pleine expansion et va devenir une activité commerciale de premier plan pour les communautés locales. On la considère à la fois comme une occupation rémunératrice et comme un moyen de faire baisser la pression de pêche sur les stocks de poissons sauvages. Les Tonga sont dotés d’un cadre réglementaire très complet en matière de biosécurité aquatique et de biosécurité en général. Toutefois, une évaluation de l’état de la biosécurité aquatique réalisée par le ministère tongien des Pêches et la CPS a mis en évidence des carences et des besoins majeurs dans les domaines suivants : gestion de la santé des animaux, directives sur les règles à respecter en matière d’importation et d’exportation, laboratoires et installations de quarantaine, et renforcement des capacités.
Après une consultation nationale des parties prenantes sur l’état de la biosécurité aquatique, deux agents du service national des pêches ont été détachés auprès de l’équipe aquaculture de la CPS en 2017 pour participer à la mise au point de la Stratégie nationale des Tonga sur la biosécurité aquatique. Parachevé et entériné par le ministère des Pêches à la fin de l’année 2017, ce document définit un plan de travail précis traitant de la gestion de la santé des espèces aquatiques, de l’élaboration et de l’application de règles s’appliquant aux importations et aux exportations, de l’amélioration des pratiques de biosécurité sur les exploitations, de la mise à jour du cadre réglementaire national sur la biosécurité aquatique, et de l’élaboration d’un « plan d’urgence » en cas d’épidémie de maladies aquatiques.
Enseignements tirés
S’il est trop tôt pour tirer des enseignements approfondis du projet mené aux Tonga, l’expérience acquise par la CPS lui sera fort utile lorsqu’elle réalisera des interventions analogues dans d’autres pays membres. Le projet a montré à quel point il est important de consulter divers organismes publics et les autres parties prenantes pour que les besoins et les priorités du plan soient fondés sur la réalité du terrain. La CPS a également acquis une meilleure perception des domaines où il convient de renforcer les capacités en priorité pour accompagner la gestion et le développement de l’aquaculture aux Tonga et dans d’autres pays océaniens.
L’assistance apportée par la CPS à ce jour se décline comme suit : état des lieux de la biosécurité aquatique, accompagnement de l’élaboration d’un plan de biosécurité aquatique, renforcement des capacités (planification de la biosécurité aquatique, maladies parasitaires, diagnostic des maladies de la crevette, santé animale, analyse des risques à l’importation, protocoles et opérations de quarantaine, planification des situations d’urgence, écloseries de type hapa, gestion de l’élevage en cages, etc.), dépistage des maladies, élaboration de manuels sur la production et soutien au regroupement des élevages. Ces activités sont susceptibles de bénéficier aux agents des services des pêches et aux éleveurs des Îles Cook, des Fidji, des Îles Marshall, des États fédérés de Micronésie, de Nouvelle- Calédonie, de Palau, de Polynésie française, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, du Samoa, des Tonga et de Vanuatu.
À l’avenir, la mise en œuvre de plans de biosécurité aquatique, indispensables pour la mise en conformité avec les normes du commerce international et l’amélioration des retombées socioéconomiques du développement de l’aquaculture, passera, pour la plupart des pays océaniens concernés, par la réalisation d’investissements substantiels aussi bien dans des équipements de laboratoire de base, pour le diagnostic des maladies aquatiques, que dans des installations de quarantaine et des systèmes d’élevage. Il faudra également sensibiliser les décideurs et le grand public au sujet de l’importance de la biosécurité aquatique. La mise en œuvre des plans bénéficiera du soutien technique de la CPS dans certains domaines, mais nécessitera également l’engagement de ressources et de moyens techniques de la part des pays membres et de leurs partenaires du développement.