L'équipe de scientifiques halieutiques de la CPS se lance à nouveau dans une nouvelle aventure : WARMALIS 1

Nouméa

WARMALIS 1 - Journal de bord

La CPS, en collaboration avec l'IRD, s'engage dans une nouvelle série de campagnes océanographiques à travers le Pacifique pour caractériser l'océan Pacifique occidental et central, y compris la Warm Pool, à bord du navire de recherche Alis, qui ont donné le nom de la série de croisières : WARMALIS.

Warmalis 1 est la première campagne qui traversera le Pacifique occidental du Sud au Nord, en partant de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, en se terminant à Kosrae dans les états Fédérés de Micronésie, et en traversant les Iles Salomon et les eaux internationales.

Warmalis 2 et Warmalis 3 seront réalisées en 2022 et 2023, respectivement dans le Pacifique central (transect Sud-Nord de la Polynésie Française aux Iles de la Ligne de Kiribati), et à l'équateur (Est-Ouest de la Polynésie Française à la Papouasie-Nouvelle-Guinée).

L'objectif du projet est de comprendre le fonctionnement de l'écosystème océanique pélagique et de déterminer son influence sur les ressources en thon dans la région du Pacifique occidental et central. Notre projet étudiera les niveaux trophiques intermédiaires (zooplancton et micronecton) des grands écosystèmes pélagiques du Pacifique d'où proviennent plus de 50% des captures mondiales de thon. Le zooplancton et le micronecton sont des éléments qui relient les facteurs physiques/chimiques de l'océan, qui influencent leur distribution et leur abondance, à la mégafaune (par exemple le thon, les mammifères marins, les oiseaux de mer) qui sont leurs prédateurs. Le but de notre projet est de combler l'importante lacune dans les connaissances sur les grands écosystèmes pélagiques du Pacifique. Notre objectif est d'apporter des connaissances scientifiques pour une gestion durable des ressources pélagiques en comprenant le fonctionnement des écosystèmes pélagiques (du niveau physique aux niveaux biologiques intermédiaires) et en collectant des observations pour valider et améliorer les modèles d'écosystèmes utilisés pour analyser les ressources en thon (SEAPODYM).

Example of micronekton catch with small fish, shrimps and gelatinous organisms commonly eaten by tuna and other top predators (Photo: V. Allain, SPC)
Exemple de capture de micronecton avec des petits poissons, des crevettes et des organismes gélatineux communément consommés par les thons et autres prédateurs supérieurs (Photo: V. Allain, SPC)

Les campagnes Warmalis sont pluridisciplinaires, et nous collecterons des données physico-chimiques de l'eau de mer ainsi que des données sur le zooplancton et le micronecton. Pour caractériser les conditions physico-chimiques et la production primaire, nous mesurerons la température, la salinité, l'oxygène, la fluorescence, la lumière, les courants, les nutriments, les pigments photosynthétiques, l'abondance du phytoplancton, la production primaire, les communautés phytoplanctoniques. La production secondaire (zooplancton, micronecton) sera mesurée par échantillonnage acoustique (TAPS, WBAT, S-ADCP, EK60) et au filet pour zooplancton et pour micronecton.

Débutant le 6 septembre, la campagne durera 19 jours pendant lesquels 15 stations d'échantillonnage seront effectuées, avant d'atteindre Kosrae vers le 24 septembre. Après un arrêt rapide pour se ravitailler en carburant mais sans débarquement, le navire fera demi-tour pour se diriger vers Nouméa en une dizaine de jours.

Scheduled cruise plan for Warmalis 1
Plan de campagne prévu pour Warmalis 1

Cette campagne, entrant dans le cadre du projet MICROPAC, est réalisée avec le soutien financier du ministère français des Armées (Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives), du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (Fonds Pacifique), de la flotte océanographique française, du Ministère de l'Education Supérieure, de la Recherche et de l'Innovation, du LEFE-INSU, de la CPS et de l'IRD.

 

2 septembre 2021

Quatre jours avant le départ, l'équipe scientifique et l'équipage s'affairent à préparer le navire pour un voyage d'un mois en autonomie complète. Il s'agit d'embarquer beaucoup de nourriture pour 18 personnes, des pièces de rechange pour la mécanique, et tout le matériel scientifique.

Il nous a fallu une journée entière pour tout embarquer, tester tous les instruments et s'assurer qu'ils fonctionnent, et tout fixer pour éviter que rien ne bouge lorsque la mer est agitée. Nous nous sentons prêts et avons hâte de commencer le voyage après des mois de préparation et beaucoup d'incertitude avec la pandémie de covid.

Nous avons reçu beaucoup d'aide pour nous préparer et faire en sorte que cette campagne ait lieu et nous sommes reconnaissants à tout le monde.

6 septembre 2021

Nous sommes partis ce matin à 9h30 comme prévu et quelques collègues et amis étaient venus nous voir partir. Nous avons profité des eaux calmes du lagon pour faire les exercices de sécurité et remonter vers le Nord. Nous sommes sortis du lagon par la passe d'Isié vers 14h30 où l'épave bien abimée d'un bateau marque l'entrée de la passe. La faible houle hors du lagon nous réserve une route plutôt calme pour l'instant. Les instruments acoustiques ont été mis en route dès le départ pour commencer à acquérir de la donnée sur le micronekton et notre première station d'échantillonnage est prévue demain dans l'après-midi.

7 septembre 2021- 1ère station

Après 30 heures de route vent arrière, nous voilà arrivés sur la première station d’échantillonnage. Une majorité de l’équipe et des marins a déjà réalisé ces travaux mais la première station permet de faire un rodage et de revoir l’enchainement des manips.

Pour cette campagne nous avons décidé de suivre le même protocole, au même moment, toutes les 24 heures. Ainsi le travail commence vers 16h avec 2 descentes de rosette à 250 et 600m de profondeur respectivement pour collecter de l’eau pour la chimie et le phytoplancton et pour faire des profils de température, salinité, lumière, fluorescence, oxygène etc. Puis dès que la nuit est tombée vers 18h30 une descente du TAPS à 200m, un instrument acoustique pour le zooplancton, et un échantillonnage du zooplancton jusqu’à 600m avec le filet hydrobios multinet permettant de collecter des organismes à 5 profondeurs différentes. Enfin la dernière partie de la soirée est consacrée au micronecton avec une descente du WBAT, un instrument acoustique, et de la collecte d’organismes grâce à des chalutages pélagiques à différentes profondeurs.

Pour cette première station il y a eu un petit souci sur le multinet à zooplancton et nous avons donc annulé cette manœuvre. Le vent ayant forci avec des rafales à 30 nœuds et un vent moyen supérieur à 25 nœuds, les manœuvres ont été compliquées et nous avons embarqué quelques paquets de mer. Nous n’avons également fait qu’un seul chalutage à micronecton entre 0 et 200m de profondeur, les conditions météo étant trop mauvaises pour tenter un chalutage à 500m. Nous n’avons pas collecté beaucoup d’organismes mais c’était très diversifié avec des poissons et des crevettes.

Cette première station a été éprouvante pour tous avec des mauvaises conditions météo et nous avons été plusieurs à souffrir du mal de mer. Nous étions contents de finir le travail vers 23h30 après une journée bien remplie.

9 septembre 2021

Après la station 1 nous avons continué notre route vers le nord mais avec des vents moyens à plus de 25 nœuds et des rafales à plus de 30 nœuds, nous avons décidé de trouver un abri et de nous mettre au mouillage. En effet les manœuvres deviennent dangereuses et la qualité des données médiocres quand les conditions météo sont aussi mauvaises.

Nous profitons de cet arrêt forcé pour faire un certain nombre de réparations et d’ajustement sur nos instruments après la première station. Cela nous laisse également le temps de revoir et d’optimiser nos procédures pour les prochaines stations. L’équipage a également du travail avec différents appareils à réparer comme l’osmoseur qui nous fournit l’eau douce. Nous en avons profité pour faire un premier traitement des quelques données recueillies. Nous collectons des mesures par acoustique active en continu (jour et nuit) avec les sondeurs de coque calibrés SIMRAD EK60. Quatre fréquences de mesure sont utilisées simultanément : 38, 70, 120 et 200kHz, permettant de sonder la colonne d’eau jusqu’à 800, 400, 250 et 120m respectivement. Une mesure (un ping) est effectuée toutes les 3 secondes.

Nous espérons que la météo nous permettra de reprendre les opérations vendredi.

Echogramme
Echogramme enregistré à 38 kHz, fréquence la plus couramment utilisée pour étudier le micronecton, montrant la densité des organismes marins dans la colonne d'eau entre la surface et 800m (en jaune-vert de fortes densités, en bleu-blanc de faibles densités). Cet enregistrement correspond aux 24h du 7 septembre 2021 de 0h00 à minuit. La barre horizontale sous l’échogramme représente en noir la nuit, en orange l’aube, en blanc le jour et en bleu le crépuscule. Nous pouvons observer que les organismes du micronecton (1 to 20 cm) sont majoritairement en surface la nuit et en profondeur (500-700m) le jour. Ils réalisent une migration verticale au lever et au coucher du soleil.

Pour en savoir plus sur les aventures de l'équipe à bord du navire, visitez cette page.

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Division
Pêche, Aquaculture et écosystèmes marins

Auteur(s)

Valérie Allain

Chargée de recherche halieutique principale
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Fisheries, Aquaculture & Marine Ecosystems
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French National Research Institute for Sustainable Development (IRD)
fisheries
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