Un Programme révolutionnaire au service de la santé sexuelle des Océaniens

Suva

agenda_webPréoccupés par les taux élevés de grossesses et des infections sexuellement transmissibles (IST) chez les adolescentes, les acteurs du Pacifique ont décidé de conjuguer leurs efforts afin de mettre en œuvre un programme de santé sexuelle ambitieux au profit de la région.

La promotion des droits sexuels et génésiques et la réduction de la prévalence du VIH et IST, des grossesses précoces, de la violence sexiste et des agressions sexuelles – notamment parmi les populations vulnérables – sont les objectifs au cœur du Programme commun pour la santé et le bien-être sexuels dans le Pacifique, un document complet qui couvre la période 2015-2019.

Pendant 16 mois, sous la supervision du Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS), des représentants des pouvoirs publics, d’organisations de la société civile, de réseaux de santé et de catégories clés de la population ont pris part à des consultations visant à façonner le futur programme de santé, grâce aux financements octroyés via le Fonds pour la lutte contre le VIH et les IST en Océanie et au titre du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Approuvé par les ministres de la Santé des 22 États et Territoires insulaires océaniens en juillet 2014, l’agenda partagé est disponible en anglais à l’adresse suivante : http://bit.ly/1Bg0sxn.

Les travaux entrepris cette semaine portent en premier lieu sur la planification détaillée de la mise en œuvre du Programme par les partenaires du développement de la région, l’objectif étant d’intensifier la coordination afin d’aider les pays et les parties prenantes nationales à abandonner les actions centrées sur une seule maladie au profit d’une approche fondée sur les droits.

Parmi les groupes les plus vulnérables en matière de santé et de bien-être sexuels en Océanie, on peut citer les personnes démunies, celles vivant avec le VIH ou une maladie non transmissible, les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap, et celles qui se considèrent comme lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, en questionnement ou intersexuées (LGBTQI).

Le nouveau Programme vise notamment à accroître la portée des services de santé sexuelle par le biais d’une intégration renforcée des services et programmes analogues. Cet objectif revêt une importance capitale pour l’Océanie, où les services de santé sexuelle et génésique ne sont pas toujours disponibles dans le cadre des soins de santé primaires.

Le Programme s’inscrit en complément et dans le prolongement d’autres plans régionaux, dont le Cadre océanien pour l’épanouissement des jeunes. Les principaux points abordés dans le document sont les suivants :

  • Les systèmes de santé souffrent d’un manque de moyens humains et financiers, si bien que les populations océaniennes, en particulier celles des îles périphériques isolées, ne peuvent avoir accès à des informations, services et produits complets en matière de santé sexuelle et génésique.
  • De nombreux services ciblent les femmes mariées et les femmes enceintes, tandis que la gamme de services spécialement conçus pour les femmes célibataires, les femmes âgées, les hommes et les personnes transgenres est limitée, voire inexistante.
  • Le nombre de grossesses chez les adolescentes est généralement élevé, les Îles Marshall enregistrant par exemple le taux le plus fort de la région, avec 85 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans, un résultat nettement supérieur à la moyenne mondiale.
  • Les IST sont hyperendémiques dans la région. En moyenne, 25 % des jeunes sexuellement actifs sont atteints d’une IST et, dans certains pays, ce chiffre peut atteindre jusqu’à 40 %.
  • La prévalence estimée du VIH chez les adultes âgés de 15 à 49 ans dans les 17 pays du Pacifique ayant signalé des cas est inférieure à 0,1 %. L’ensemble des pays à l’exception de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont sur le point de réaliser l’objectif d’accès universel au traitement contre le VIH et le sida. Cependant, la persistance de facteurs tels que les taux élevés d’IST et une faible utilisation du préservatif fait que le VIH pose toujours un risque important pour la région.
  • La santé maternelle est en bonne voie d’amélioration dans la moitié des États et Territoires insulaires océaniens, mais l’accès universel aux soins de santé génésique se développe lentement : le taux d’utilisation de moyens contraceptifs est de l’ordre de 26 %, contre 61 % en moyenne dans les régions en développement.
  • L’infection à papillomavirus humain, qui peut provoquer des cancers de l’appareil reproducteur, constitue un nouveau motif de préoccupation, bien que l’on ne dispose que de données limitées sur l’ampleur de la transmission du virus dans la région.
  • Des lois, politiques et pratiques sociales discriminatoires font obstacle à la santé et au bien-être sexuels, et sont sources de stigmatisation et de discrimination.

Dans le Programme, il est admis que pour améliorer la santé et le bien-être sexuels dans le Pacifique, la priorité doit être la prestation de services accessibles, complets et de qualité en matière de santé sexuelle et génésique, et la conduite de programmes répondant aux besoins propres à chaque pays.

La mise en œuvre du Programme s’articulera autour de cinq approches clés : améliorer la circulation des données stratégiques à l’appui de politiques et de plans éclairés ; développer la coordination des services consacrés aux IST et au VIH et à la santé sexuelle et génésique, et des autres services connexes ; renforcer la communication en matière de santé et l’éducation sexuelle ; donner aux parties prenantes les moyens d’ouvrir la voie à la participation et à la représentation de tous par le biais de réformes juridiques, sociales, structurelles et politiques ; et adapter les services et programmes aux besoins et aux droits des populations clés.

Les gouvernements devant faire face à des priorités de financement concurrentes en matière de santé, les bailleurs de fonds et les autres partenaires du développement devront en permanence jouer un rôle crucial dans les activités en lien avec la santé sexuelle et génésique menées en Océanie.

Parmi les personnes présentes à la cérémonie de lancement du Programme commun, organisée en décembre par la CPS et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), figuraient Ratu Epeli Nailatikau, Président des Fidji, et Cristelle Pratt, Secrétaire générale adjointe du Forum des Îles du Pacifique.

Pour plus d'information, veuillez contacter, Dennie Iniakwala, Coordonnateur du groupe VIH et IST à la CPS, [email protected] ou (+679) 3379369

Jean-Noël Royer, Chargé de la communication, [email protected] ou (+687) 87 70 63

Notes aux responsables de publication

Des fiches d’information nationales et des statistiques détaillées relatives aux 22 États et Territoires insulaires océaniens – portant sur des aspects de la santé sexuelle et génésique comme la fécondité des adolescentes ou le VIH/sida – sont disponibles en ligne. Elles sont établies par la CPS en partenariat avec chaque pays.

Les indicateurs minima du développement national, notamment ceux se rapportant au VIH et à la santé génésique, sont accessibles.

Pour consulter les fiches d’information et les rapports nationaux relatifs aux enquêtes démographiques et sanitaires, ainsi que les résultats des enquêtes sur la santé et la sécurité des familles conduites dans les pays océaniens participants, rendez-vous sur le site du projet PRISM.

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