L’avenir des pêches côtières se jouera sur une partition à cheval entre la science et les traditions

Nouméa

coastal_webLa partition composée la semaine dernière pour les pêcheries côtières du Pacifique, qui dessine une nouvelle trajectoire de changement, a constitué le point d’orgue des recommandations formulées lors de la réunion sur les pêches qui s’est achevée le 6 mars au siège du Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS), à Nouméa.

Des halieutes, responsables publics, gestionnaires des ressources naturelles, chercheurs, petits pêcheurs et organisations non gouvernementales (ONG) de 24 États et Territoires étaient réunis pour mutualiser leurs connaissances et leurs expériences et dessiner ensemble une nouvelle trajectoire de changement, qui sera présentée cette semaine, à l’occasion de la neuvième Conférence des directeurs des pêches, rendez-vous régional qui a lieu tous les deux ans.

Il est clairement ressorti de l’atelier qu’il est aujourd’hui impératif d’adopter une nouvelle approche novatrice pour lutter contre le déclin des ressources halieutiques côtières et la dégradation des écosystèmes correspondants, en revenant aux approches écosystémiques et communautaires de l’halieutique, en complément de la feuille de route du Groupe du fer de lance mélanésien.

« En d’autres termes, nous ne pouvons plus nous contenter d’entonner les mêmes refrains ; il faut composer de nouvelles solutions », peut-on lire dans les conclusions de l’atelier.

La gestion communautaire des pêches consiste avant tout à encourager les communautés locales de pêcheurs à prendre en main la gestion de leurs pêches côtières et du milieu marin.

Cette trajectoire de changement se fonde sur l’idée que le mariage des savoirs traditionnels et des recommandations scientifiques peut aboutir à la création de plans de gestion des ressources adaptés dans des zones bien définies.

Il faut ensuite pouvoir compter sur un processus de validation du plan de gestion à l’échelon communautaire, puis provincial, avant d’entamer toutes les démarches administratives et juridiques requises pour entériner officiellement un plan national.

« Dans le Pacifique, on compte sans doute entre 600 et 800 sites pilotes où sont expérimentées différentes méthodes de gestion des ressources naturelles à l’échelle communautaire », indique M. Lindsay Chapman, Directeur adjoint de la pêche côtière à la CPS.

« Cet atelier a permis à ces professionnels d’exprimer d’une seule voix que, oui, l’approche communautaire est une solution d’avenir. Notre objectif sera désormais de transposer ces petits projets pilotes isolés à l’échelle de tout un pays ou une sous-région », ajoute M. Chapman.

En général, les pêcheurs ont une connaissance fine des cycles biologiques des espèces marines, sur lesquels se basent les règles coutumières d’exploitation des stocks de poisson.

L’atelier a permis de montrer que, là où ces règles sont préservées, la gestion des stocks s’inscrit bien souvent dans une logique durable.

Dans les zones où la pression de pêche s’accentue, en particulier à la périphérie des centres urbains, de nombreux peuplements s’appauvrissent ou sont surexploités. Ce même constat vaut pour les régions où les savoirs traditionnels se perdent.

Au nombre des participants à cet atelier financé par l’Australie, on comptait un volontaire détaché auprès d’une ONG locale de conservation (Woun Kepin Somwei). M. Epikinio Eperiam a fait le déplacement depuis Pohnpei, aux États fédérés de Micronésie, pour assister à l’atelier.

« Chaque pays est unique, mais nous devons relever les mêmes défis. Cet atelier est pour nous l’occasion d’expliquer ce que nous faisons et témoigne de la reconnaissance des efforts que nous engageons pour préserver nos ressources marines », affirme M. Eperiam.

On retrouve ce même symbolisme dans l’œuvre ébauchée par Jacques Wanhapo, sculpteur de Lifou (Nouvelle-Calédonie), pendant cette semaine d’atelier au siège de la CPS et qu’il achèvera pendant la Conférence des directeurs des pêches.

Les résultats de cet atelier régional devraient influer sur les décisions stratégiques prises aux échelons national et régional et attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation propre au Pacifique.

Le coup d’envoi de la Conférence des directeurs des pêches a été donné le lundi 9 mars. La Conférence s’achèvera le jeudi 12 mars.

Contact médias: Anne Lefeuvre, Chargée de l’administration et de la communication du Projet SciCOFish, [email protected]
Jean-Noël Royer, Attaché de liaison médias, [email protected]

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