Les données halieutiques : le point névralgique d’une exploitation durable dans le Pacifique

Nouméa

halieutique_webLors de l’atelier régional sur l’avenir de la gestion des pêches côtières récemment organisé au Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS), les participants ont quantifié l’importance des pêches côtières pour les Océaniens, aussi bien sur le plan économique que vivrier.

Les pêches côtières constituent la première ou la deuxième source de revenus pour près de la moitié des ménages des États et Territoires insulaires océaniens, tandis que le poisson représente 50 à 90 % des protéines animales consommées par les populations rurales du Pacifique.

Alors que l’Océanie connaît une période de croissance démographique, les ressources côtières sont en recul dans de nombreux pays de la région, ce qui ne fait que creuser l’écart qui existe entre le volume de poisson requis pour assurer la sécurité alimentaire et le volume pouvant être durablement prélevé des stocks côtiers. Il a été estimé que, dans les 15 années qui viennent, il faudra trouver 115 000 tonnes de poisson supplémentaires à l’échelle de la région. L’appauvrissement des ressources côtières risque d’accroître encore cet écart.

Moses Amos, Directeur de la Division pêche, aquaculture et écosystèmes marins de la CPS, dresse le constat suivant : « Si l’on part du principe qu’un poisson de 25-30 cm pèse approximativement 250 grammes, cela veut dire que, d’ici 15 ans, le Pacifique manquera d’environ 460 millions de poissons. Il faut donc trouver une réponse à la question suivante : d’où viendra le poisson supplémentaire nécessaire pour combler le déficit ? »

Disposer de données pertinentes à l’appui de la gestion durable des pêches dans le Pacifique demeure une priorité. Ainsi, pour le vivaneau profond, qui constitue une ressource importante dans de nombreux pays de la région, le manque de données adéquates sur les paramètres biologiques et halieutiques de cette pêcherie a entravé la réalisation d’évaluations quantitatives et l’élaboration de plans de gestion connexes en Océanie.

La CPS a déployé des efforts substantiels afin d’améliorer les données disponibles sur le vivaneau profond. Parmi les activités menées, on peut citer la modélisation de ses habitats, ainsi que la production de cartes sur la répartition prévisionnelle du vivaneau dans le Pacifique occidental et central.

Il est crucial de disposer d’estimations des paramètres biologiques, notamment les taux de croissance et de mortalité, pour comprendre la dynamique des populations d’espèces données et prédire leur réaction en cas de pêche. Ashley Williams, Chargé de recherche halieutique principal à la CPS, donne des précisions sur le travail réalisé par la CPS à cet égard : « Durant les trois années qu’a duré le projet, nous avons coordonné les études scientifiques et les activités d’échantillonnage au port conduites aux Tonga, à Vanuatu, au Samoa, en Nouvelle-Calédonie, aux Fidji, à Wallis et Futuna, et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. »

Au vu des évaluations des stocks de thonidés et des espèces d’habitats peu profonds récemment menées, il apparaît clairement qu’une méthode normalisée doit être mise en place pour la collecte des données halieutiques dans l’ensemble de la région. Une telle initiative participera à la gestion pérenne des ressources halieutiques du Pacifique et à la préservation des stocks de poisson pour les générations futures, à travers l’établissement d’une base de données halieutiques commune à toute l’Océanie, l’uniformisation des techniques de collecte et d’analyse des données, et la possibilité de procéder plus facilement à des comparaisons entre les différentes pêcheries, dans l’objectif d’une gestion durable des pêches.

Contacts médias : Anne Lefeuvre, [email protected]

Jean-Noël Royer, [email protected]

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