Pour protéger leur île, les habitants d’Emae font le pari du bio

Suva

organic Animés par la ferme volonté de protéger ce qu’ils ont de plus cher (la terre, la mer et les forêts), les chefs et les habitants de l’île d’Emae à Vanuatu ont proclamé l’entrée de leur île dans l’ère du bio.

Le 4 juillet en effet, ils ont fait le serment de protéger leur île en y interdisant tout recours à des engrais et à des pesticides chimiques, ainsi qu’à des intrants agricoles étrangers.

Leur objectif est de privilégier au contraire les méthodes de l’agriculture biologique, afin de préserver la santé des sols et la richesse naturelle de la flore et de la faune locales.

Cette proclamation a pour corollaire majeure le lancement d’une procédure de certification biologique reposant sur le Système participatif de garantie (SPG) porté par la Communauté océanienne pour l’agriculture biologique et le commerce éthique (POETCom) de la Communauté du Pacifique (CPS).

La durée de la procédure de certification biologique variera d’un à trois ans, en fonction du niveau d’exposition aux produits chimiques des exploitations agricoles de l’île.

Cette initiative bénéficie du soutien du Fonds ODD (Objectifs de développement durable) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’Association de soutien à l’agriculture (FSA), des autorités de Vanuatu et du Fonds international de développement agricole (FIDA), dans le cadre d’un projet de promotion de la participation des jeunes de Vanuatu à l’agriculture bio, axé sur les chaînes de valeur et intitulé Du champ à l’assiette.

S’exprimant au nom des habitants d’Emae, Obed Timakata déclare : « Il s’agit d’un geste fort, qui va fédérer notre peuple en nous faisant travailler ensemble à la préservation de nos savoirs agricoles traditionnels et à la promotion des meilleures pratiques auprès des nouvelles générations ».

« Il sera crucial pour ce faire, de restaurer et d’enrichir la biodiversité de notre écosystème insulaire. »

« Si nous protégeons la terre qui nous a donné naissance, elle assurera la santé et le bien-être de son peuple. »

« Pour nos jeunes, les retombées socioéconomiques de la certification biologique basée sur le SPG sont illimitées », ajoute M. Timakata.

Tout en félicitant les habitants d’Emae de leur initiative, le Directeur général du ministère de l’Agriculture de Vanuatu, Howard Aru, a annoncé qu’une politique nationale en faveur de l’agriculture biologique était actuellement en cours d’élaboration.

« Les habitants d’Emae ont fait preuve d’une véritable capacité d’impulsion en reconnaissant le rôle crucial revenant au bio dans le développement futur de notre agriculture. »

« Le ministre de l’Agriculture, Matai Seremaiah Nawalu, souhaite que le texte de cette politique nationale soit finalisé le plus rapidement possible, afin de promouvoir l’agriculture biologique dans notre pays. Nous remercions donc la POETCom et la CPS qui pilotent ce projet ».

Moses Nambo Kalau, Président du Conseil de la POETCom abonde dans le sens de M. Aru en déclarant que le projet Du champ à l’assiette s’inscrit dans la logique de la future politique sur l’agriculture biologique à Vanuatu, tout en permettant de créer des activités rémunératrices dont les jeunes et les catégories de population vulnérables ont tant besoin.

L’objectif central du projet Du champ à l’assiette du PNUD est de contribuer à la lutte contre le chômage des jeunes en Océanie, en donnant à ces derniers accès à des activités rémunératrices grâce à l’agriculture biologique.

Osea Rasea, chargé des systèmes de production biologiques à la POETCom, et de la coordination du projet Du champ à l’assiette, explique que ce dernier prévoit justement de cibler, au cours des deux années de sa mise en œuvre, les îles d’Emae, d’Efate et de Tanna afin d’y mener des formations, d’y mettre en place des systèmes de certification biologique avec des groupements d’agriculteurs, et d’y nouer le contact avec des centaines d’exploitants.

« Nous nous réjouissons des sources de revenus nouvelles qui seront créées pour ces agriculteurs grâce à la certification biologique », s’enthousiasme M. Rasea.

« Il est incontestable que la pratique de l’agriculture biologique protège les sources de revenus des agriculteurs, en garantissant la santé et la productivité du sol à long terme. Cela donne également la possibilité aux consommateurs de faire le choix d’une nourriture saine et nutritive. »

« Nous allons travailler avec plus d’un millier de producteurs de café, ainsi qu’un certain nombre d’agriculteurs cultivant d’autres produits, tels que les tubercules et les légumes. »

M. Rasea explique que la POETCom et la FSA vont épauler les groupements d’agriculteurs dans la mise au point de leurs plans de production, calendriers de récolte et programmes de suivi, tout en leur offrant des formations relatives à la production.

« Cela signifie tout simplement que nous allons travailler à leurs côtés et leur montrer comment cultiver et gérer des cultures biologiques dans le respect de la Norme océanienne d’agriculture biologique. Il s’agira également de leur fournir des informations sur le traitement et la valorisation post-récolte », ajoute M. Rasea.

« Nous espérons que leur participation à cette démarche de certification biologique fera évoluer leur perception du sol, qu’ils ne verront plus simplement comme le lieu où l’on sème les graines, mais comme une ressource inestimable et indispensable. En touchant un plus grand nombre d’agriculteurs, notre souhait est aussi de provoquer un changement dans les pratiques agricoles en Océanie, ainsi que dans les choix nutritionnels des consommateurs. »

Données de contexte :
Système participatif de garantie : Mécanisme de certification biologique reposant sur l’évaluation par les pairs et sur une démarche largement participative. Ce système d'assurance de la qualité mis au point par la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique implique la participation active de tous, à travers la réalisation d'inspections par les pairs des méthodes de récolte, afin d'assurer le respect constant des principes de l'agrobiologie.
Norme océanienne d’agriculture biologique (NOAB) : La NOAB est la bible du développement de l’agriculture biologique en Océanie, et défend, dans l’agriculture, les valeurs et les principes d’écologie, d’équité, de culture et traditions, de santé et de bonne gestion. La norme stipule les critères régissant la production biologique.
POETCom : Réseau qui fédère les acteurs du mouvement biologique dans l’ensemble de l’Océanie. Son secrétariat est hébergé par la Communauté du Pacifique.

Pour de plus amples informations, veuillez prendre contact avec :
Stephen Hazelman – Coordonnateur de la POETCOM - [email protected]
Theresa Fox – Chargée de l’information et de la communication – [email protected]

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