La Communauté du Pacifique défend la santé des sols, enjeu clé pour les petits États insulaires en développement

Rome

La préservation des stocks de carbone organique emmagasinés dans les sols est un formidable levier d’atténuation des effets du changement climatique et d’amélioration de la santé et de la fertilité des sols dans les petits États insulaires en développement (PEID), qui figurent parmi les pays les plus vulnérables de la planète.

Le spécialiste des sols de la Communauté du Pacifique (CPS), M. Siosiua Halavatau, explique : « Nombre des pratiques de gestion favorisant l’accroissement des stocks de carbone organique des sols participent aussi à l’amélioration des rendements des cultures et des pâturages. Le stockage de carbone organique dans les sols entraîne également de facto une réduction du carbone présent dans l’atmosphère et contribue à limiter le réchauffement planétaire. »

C’est en ces termes que s’est exprimé M. Halavatau lors de son exposé sur l’état des stocks de carbone organique du sol dans les petits États insulaires en développement, présenté devant le Colloque international sur le carbone organique du sol (GSOC17) qui se déroule en ce moment même au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), situé à Rome, en Italie.

Les sols constituent le plus vaste réservoir de carbone terrestre au monde et jouent un rôle fondamental dans la régulation du bilan de carbone à l’échelle mondiale.

Pourtant, les sols sont aujourd’hui l’une des ressources les plus menacées par les processus de dégradation, le changement climatique et la perte de biodiversité.

Selon le rapport sur l’état des ressources en sols dans le monde, publié en 2015 par le Groupe technique intergouvernemental sur les sols de la FAO, bien que les sols renferment plus de carbone que l’atmosphère et la flore mondiale combinées, environ un tiers des sols de la planète sont dégradés, ce qui entraîne une perte de carbone organique du sol.

M. Halavatau précise que les sols issus des différents agroécosystèmes mondiaux, tels que les terres cultivées, les pâturages et les parcours, ont vu disparaître entre 25 et 75 % de leur réservoir initial de carbone organique du sol, les proportions variant selon le climat, le type de sol et les pratiques de gestion. Cela représente pas moins de 70 milliards de tonnes.

Le spécialiste indique en revanche que ces pertes sont aussi l’occasion de reconstituer les réserves de carbone stockées dans les sols agricoles et dégradés de la planète à hauteur d’environ 21 à 51 milliards de tonnes.

« Le fait de renverser la dynamique de dégradation des sols, en misant sur l’augmentation de leur teneur en matières organiques et sur la gestion durable des terres et des sols, ouvre de vastes perspectives d’amélioration des rendements agricoles et forestiers dans le contexte de l’adaptation au changement climatique et de l’atténuation de ses effets, comme le montrent les évaluations du changement climatique et les inventaires nationaux des gaz à effet de serre », poursuit-il.

« Dans la plupart des PEID, les cultures permanentes (systèmes d’assolement et monocultures, par exemple) réduisent les stocks de carbone organique dans les couches superficielles des sols, plus pauvres en carbone que les sols vierges de toute culture. L’augmentation de la teneur en carbone organique du sous-sol traduit une redistribution du carbone organique du sol induite par la préparation des terres, ainsi que le déplacement des matières organiques pendant les récoltes et la décomposition des racines des plantes. Ces modifications nous montrent qu’il faut gérer avec soin les couches superficielles des sols pour en préserver la fertilité et, dans le même temps, conserver la productivité des cultures dans les PEID », affirme M. Halavatau.

« D’après les résultats des recherches menées en Océanie, nous pouvons accroître les stocks de carbone organique du sol en ajoutant de grandes quantités de déchets organiques, dont les résidus de récoltes (chaumes de canne à sucre, par exemple), en appliquant un paillage épais, en réduisant le labour et en intégrant au cycle cultural des légumineuses, telles que Mucuna, qui feront office d’engrais verts. »

« La Division ressources terrestres de la CPS aide les États et Territoires insulaires océaniens à améliorer la santé des sols, en travaillant sur des enjeux divers : mise au point de techniques adaptées de gestion des sols, telles que le recours à des plantes de couverture, au paillage et au compost, et évaluation des plantes racines et des variétés nutritives les mieux adaptées aux milieux changeants des pays concernés », poursuit le spécialiste.

Ce colloque de trois jours est consacré à trois thématiques : mesure, cartographie, suivi et revue du carbone organique du sol ; maintien et/ou augmentation des stocks de carbone organique du sol pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique, et neutralité en termes de dégradation des terres ; et gestion du carbone organique dans les sols.

M. Halavatau assiste au colloque aux côtés du président des Fidji, le major-général Jiojo Konusi Konrote, officiellement invité à s’exprimer à l’occasion de l’ouverture de la réunion.

Près de 500 participants venus du monde entier prennent part au colloque, qui se clôture le 23 mars.

Contact médias :
Lauren Robinson, Coordonnatrice des relations presse (CPS), [email protected] ou +679 923 0733

À propos de la CPS :
La Communauté du Pacifique est la principale organisation scientifique et technique du Pacifique, soutenant fièrement le développement de la région depuis 1947. Organisation internationale d’aide au développement, la CPS fait figure de maison commune pour ses 26 États et Territoires membres, qui en assurent la gouvernance.

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