Fijiana Rugby Team

Fijiana
Fijiana, le rugby fidjien au féminin
L’équipe nationale de rugby féminin des Fidji, Fidji

Crédit photo : 2016 / Comité International Olympique (CIO) / KASAPOGLU, Mine

Dr Yoko Kanemasu, Maîtresse de conférences en sociologie, Université du Pacifique Sud (USP)]

« Fijiana a prouvé que les femmes peuvent réaliser leurs rêves et surmonter les pires difficultés. Elles ont prouvé que les femmes pouvaient pleinement s’épanouir en étant musclées, fortes et puissantes. Elles ont prouvé que le rugby, sport national des Fidji, appartient bel et bien à toute la population. »

Fijiana, l’équipe fidjienne de rugby à sept féminin, est entrée dans l’histoire en 2016 en devenant la première équipe de rugby féminin d’Océanie à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio. Surmontant d’innombrables obstacles, les membres de l’équipe ont réussi à participer au tournoi, qui n’opposait que douze équipes nationales.

Leur aventure est représentative de la situation des joueuses de rugby aux Fidji, bien sûr, mais aussi dans d’autres îles du Pacifique, où les Océaniennes bousculent l’ordre établi pour se faire une place dans ce sport ô combien masculin. Jusqu’à très récemment, le simple fait de jouer au rugby les exposait aux critiques, aux moqueries et aux regards désapprobateurs. Chassées de leur famille ou frappées, certaines joueuses en ont payé le prix fort.

Si le rugby féminin a réussi à éclore, c’est presque entièrement grâce à la détermination et au dévouement des joueuses, des entraîneurs et des fans, qui ont organisé et financé les matchs. En plus du manque de soutien financier et sportif, les joueuses étaient confrontées à de nombreux défis sur le plan familial et communautaire.

Aujourd’hui, la Fédération fidjienne de rugby (FRU) soutient pleinement le rugby féminin. Outre le recrutement d’une Responsable du développement du rugby féminin aussi dévouée que passionnée, elle finance et organise la sélection des équipes, les camps de formation, les tournées et les autres activités.

Même si les joueuses sont bien mieux soutenues que ne l’était la génération précédente, les ressources qui leur sont allouées restent loin de celles du rugby masculin et les obstacles sont toujours nombreux au quotidien. Calendrier, stades, arbitres, équipe médicale, sites ou services : elles doivent se battre pour tout, même pour obtenir des maillots et des chaussures, se voir prescrire un régime alimentaire adapté ou obtenir des tickets de bus pour se rendre à l’entraînement. Beaucoup doivent ainsi marcher ou courir plusieurs kilomètres chaque jour pour retrouver leurs camarades.

En bref, alors que la nation tout entière considère les rugbymen comme des dieux vivants, leurs homologues féminines doivent affronter de multiples difficultés et subir critiques, intimidations, punitions, voire parfois mises à l’écart, simplement parce qu’elles veulent pratiquer le sport « national ».

Mais leur passion du jeu l’emporte malgré tout et les obstacles n’ont jamais entamé leur motivation. Elles ont toujours gardé la tête haute, retournant s’entraîner même si personne n’était là pour les soutenir, même si les passants leur hurlaient des insultes en leur intimant de « retourner derrière leurs fourneaux ».

Envers et contre tout, Fijiana a engrangé une série de victoires majeures ces dernières années.

  • En 2011, l’équipe de rugby à sept a remporté la médaille d’or lors des Jeux du Pacifique.
  • En 2012, elles se sont qualifiées pour l’édition 2013 de la Coupe du monde de rugby à sept en gagnant tous leurs matchs lors du championnat asiatique féminin.
  • En 2013, elles ont remporté la finale des troisièmes et quatrièmes de poule (« The Bowl ») lors de la Coupe du monde de rugby à sept en Russie. En 2014, elles se sont qualifiées pour les World Rugby Women’s Sevens Series 2014-2015 en remportant une fois encore tous leurs matchs lors du tournoi qualificatif organisé à Hong Kong.
  • En 2015, elles ont à nouveau remporté la médaille d’or lors des Jeux du Pacifique et se sont qualifiées pour les Jeux de Rio en gagnant le championnat d’Océanie.

C’est au regard de l’histoire sportive des Fidji que leur participation aux Jeux olympiques de 2016 prend toute son importance : avant que le rugby à sept ne devienne un sport olympique, seuls 21 athlètes locaux avaient participé aux Olympiades en se qualifiant (et non en bénéficiant d’une invitation).

Fijiana a prouvé que les femmes peuvent réaliser leurs rêves et surmonter les pires difficultés. Elles ont prouvé que les femmes pouvaient pleinement s’épanouir en étant musclées, fortes et puissantes. Elles ont prouvé que le rugby, sport national des Fidji, appartient bel et bien à toute la population. – Yoko Kanemasu, maîtresse de conférences en sociologie de l’Université du Pacifique Sud (USP).

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