En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la Communauté du Pacifique (CPS) met en lumière deux femmes formidables qui ont choisi de défier les usages en se lançant dans un domaine encore trop souvent réservé aux hommes : l'agriculture. Françoise Henry, productrice de fruits et légumes biologiques à Taravao, en Polynésie française, et Julia Ravillon pépiniériste et coordinatrice d’opérations sur les bassins versants à Houaïlou (Nouvelle-Calédonie), incarnent toutes deux l'engagement et la résilience des femmes dans ce secteur.
Selon la FAO, les femmes représentent 43 % de la main-d'œuvre agricole dans le monde. Pourtant, ces chiffres ne reflètent pas toujours la répartition équitable des responsabilités et des avantages entre les genres dans le secteur agricole.
Dans cinq pays du Pacifique (Fidji, Samoa, Îles Salomon, Tonga et Vanuatu), bien que les femmes jouent un rôle essentiel dans l'agriculture et les moyens de subsistance ruraux, leur contribution reste souvent sous-estimée. Par exemple, les tâches traditionnellement assignées aux hommes, telles que le défrichage et la récolte, sont généralement rémunérées, tandis que les femmes s'occupent souvent du désherbage, de l'arrosage et des soins familiaux sans compensation financière.
L'agriculture est donc souvent perçue comme un travail physique, exigeant, peu rémunérateur et peu valorisé, mais Françoise et Julia ont démontré que la détermination et la persévérance n'ont pas de genre. En Polynésie française, Françoise Henry développe des pratiques agroécologiques innovantes. Elle a ainsi mis en place un poulailler mobile qui favorise la fertilisation des sols et la régulation naturelle des insectes du sol dans le cadre du réseau de fermes de démonstration en agroécologie du projet PROTEGE. Elle est également engagée dans la structuration du secteur agricole, en étant la présidente de l’association Bio Fetia qui regroupe les agriculteurs biologiques de Polynésie française. Pourtant, elle fait état la difficulté de son métier.
« Être une femme dans l'agriculture est compliqué, étant donné que ce domaine est souvent associé à un travail physique exigeant. Toutefois, cela requiert également une combinaison de réflexion et de résilience. Les femmes représentent les piliers essentiels de la vie. Leur engagement et résilience les aide à et surmonter les obstacles. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. »
Quant à Julia Ravillon, son investissement pour la plantation d’arbres et la protection des bassins versants et des captages via la restauration du couvert forestier, à Houaïlou en Nouvelle-Calédonie, lui vaut une reconnaissance méritée. Pour Julia, planter un arbre est un engagement profond envers la vie et la protection de notre environnement.
« La plantation ne consiste pas uniquement à planter un arbre, mais à lui apporter le maximum pour qu’il puisse survivre. Une fois planté, on ne peut pas défaire ce que l’on a fait. La femme sait qu’un enfant ne survit pas seul. »
Dans un domaine traditionnellement masculin, ces deux femmes croient en un avenir où l'égalité des genres et la durabilité peuvent être atteints. Leurs activités sont soutenues par le projet PROTEGE, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par la Communauté du Pacifique, qui met l'accent sur une politique de responsabilité sociale d'entreprise axée sur l'égalité de genre.
