Du signalement à la réutilisation : comment les bouées satellites utilisées pour la pêche à la senne peuvent bénéficier aux communautés locales

La pêche industrielle est souvent montrée du doigt dans les débats sur la durabilité et la gestion responsable des ressources naturelles. De plus en plus de projets et de lois voient le jour pour réduire les effets de la pêche sur l’environnement et encourager les pêcheurs industriels à adopter des pratiques plus responsables. Le projet ReCon de Satlink, qui permet de réutiliser des bouées satellites équipées d’un échosondeur, employées pour la pêche à la senne, s’inscrit dans une démarche visant à réduire l’impact de cette pêche sur l’environnement et à épauler les communautés locales dans la mise en place de projets locaux. Le projet repose sur les données recueillies par des Océaniens sur des dispositifs de concentration des poissons (DCP) s’échouant sur les côtes.

L’océan Pacifique central et occidental abrite la plus vaste pêcherie thonière de la planète. Plus de la moitié des thons capturés dans le monde (54 %) y sont pêchés (Williams and Ruaia 2023) et, parmi les diverses techniques de pêche qui y sont utilisées, la pêche à la senne représente 70 % des prises. L’importance, sur le plan économique, de la pêche thonière à la senne pour les États et Territoires insulaires océaniens ne saurait être ignorée, les permis de pêche pouvant générer jusqu’à 98  % des recettes publiques dans certains pays (Bell et al. 2021).

Recours massif aux DCP

Dans l’océan Pacifique central et occidental, les DCP dérivants (DCPd) sont utilisés pour près de la moitié des prises des sen‑ neurs (48 % en 2022), tandis que les DCP ancrés (DCPa) in‑ dustriels représentent environ 1 % des dispositifs (Williams and Ruaia 2023). Les DCP jouent donc un rôle clé dans la pêche à la senne, que ce soit dans l’océan Pacifique central et occidental ou ailleurs dans le monde. D’après de récentes estimations, ce sont 30 000 à 40 000 bouées de DCPd qui sont mises à l’eau chaque année dans l’océan Pacifique central et occidental, et 46  000 à 65  000 dans l’ensemble du Pacifique (Escalle et al. 2021  ; Lopez et al. 2021). Ce recours massif aux DCP n’est cependant pas sans conséquences sur l’environnement. Les en‑ gins de pêche abandonnés, perdus ou rejetés constituent un su‑ jet de préoccupation croissante pour ce qui est de la durabilité de la pêche, en raison de leurs incidences environnementales, sociales et économiques (Burt et al. 2020 ; Gilman et al. 2021 ; Giskes et al. 2022 ; Richardson et al. 2019), sans oublier qu’ils représentent une part substantielle des débris marins (10  %, selon Macfadyen et al., 2009). Les données sur le nombre de DCP perdus ou abandonnés ainsi que sur les problèmes qui en découlent demeurent toutefois insuffisantes (Macfadyen et al. 2009 ; Richardson et al. 2019).

Photo of ReCon buoy deployed on aFAD in New Caledonia in December 2023.
Une bouée ReCon attachée à un DCPa en Nouvelle-Calédonie, décembre 2023.

Conception des DCP et conséquences sur l’environnement

Les DCPd se composent généralement d’un radeau en bam‑ bou, de flotteurs de senne et/ou de tubes en PVC. Ils sont sou‑ vent couverts de filet pour éviter que d’autres bateaux ne les repèrent. Ils sont aussi équipés d’appendices immergés généra‑ lement composés de morceaux d’anciens filets de senne (Abas‑ cal et al. 2014  ; Bromhead et al. 2003  ; Dagorn et al. 2013), utilisés pour ralentir la dérive du DCP et créer du volume per‑ mettant d’attirer les poissons (Dagorn et al. 2013). Que ce soit sur le radeau ou sur les appendices immergés, les DCPd sont souvent assortis de filets et/ou d’autres matériaux synthétiques (Escalle et al. 2023). Des bouées satellites équipées d’un écho‑ sondeur sont également attachées aux DCPd, ce qui permet aux pêcheurs de les localiser et de quantifier la biomasse sous les dispositifs à tout moment (Lopez et al. 2014). Non seule‑ ment le recours massif aux DCPd et leur conception actuelle présentent de graves risques de capture d’espèces sensibles (tor‑ tues et requins, par exemple) dans les mailles des filets, mais ils menacent également des écosystèmes fragiles comme les récifs coralliens, les habitats benthiques et les mangroves. Quant aux DCPa industriels, qui ne sont utilisés que dans la partie occi‑ dentale de l’océan Pacifique, ils se composent généralement d’un grand fût en métal ou en fibre de verre, et sont attachés au fond marin à plus de 1000 mètres de profondeur. Bien qu’ils soient moins répandus que les DCPd, les DCPa industriels se perdent souvent et, lorsqu’ils atteignent les littoraux, leur échouement peut avoir d’importantes conséquences sur l’envi‑ ronnement. Les communautés locales ont par ailleurs beaucoup de difficultés à enlever ces dispositifs.

Programmes de collecte de données sur les DCP échoués

Dans une démarche visant à déterminer le nombre de DCP (dérivants et ancrés) atteignant les zones côtières ainsi qu’à quantifier les échouements et leurs répercussions potentielles sur les écosystèmes côtiers, des programmes de collecte de don‑ nées sur les échouements ont été mis en place dans onze États et Territoires insulaires océaniens (voir la figure 1 et le tableau 1), à savoir  : l’Australie, les Îles Cook, Hawaii, les Îles Marshall, les États fédérés de Micronésie, la Nouvelle‑Calédonie, l’atoll Palmyra, la Polynésie française, les Tonga, Tuvalu et Wallis et Futuna. Ces programmes sont le fruit de collaborations entre la CPS et des services nationaux des pêches ou des organisations non gouvernementales (ONG). Lorsqu’un DCP et/ou une bouée satellite sont trouvés, le partenaire local en est informé et saisit les informations recueillies dans une base de données gérée par la CPS. Les informations suivantes sont collectées : le type d’échouement et ses conséquences, le lieu, la date et les matériaux s’il s’agit d’un DCP. À ce jour, 2 513 échouements ont été signalés dans le cadre de ces programmes de collecte de données. La plupart ont été signalés depuis 2019, mais certains signalements remontent à 2004.

Ces programmes de collecte de données sur les DCP et les bouées satellites échoués ont révélé qu’un grand nombre de signalements émanaient des communautés locales, qui récu‑ pèrent ces objets depuis plusieurs années et les réutilisent par‑ fois dans leur jardin ou leur habitation. Pour les habitants des États et Territoires insulaires océaniens, les objets rejetés par l’océan sont souvent précieux, car certains matériaux sont diffi‑ ciles à trouver ou coûtent cher à l’importation. Par exemple, les composants électroniques et les panneaux solaires peuvent être utilisés pour fabriquer des chargeurs de téléphone, et le filet et le bambou peuvent servir à construire des barrières.

Figure 1. Nombre d’échouements signalés dans les États et Territoires insulaires océaniens faisant partie des programmes de collecte de données sur les DCP échoués. Cette zone couvre la région de la Commission interaméricaine du thon des tropiques (CIATT).
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Tableau 1. Synthèse des données recueillies dans le cadre des programmes de collecte de données sur les DCP échoués dans l’océan Pacifique et du nombre d’échouements enregistrés depuis le début de chaque programme.
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* La mention « Signalements ponctuels » est utilisée pour désigner les États et Territoires insulaires océaniens où aucun programme n’est mis en œuvre, mais où des signalements ont toutefois été enregistrés.

Projet ReCon

Dans ce contexte, Satlink a récemment lancé le projet ReCon, une initiative qui s’inscrit dans une démarche globale d’économie circulaire. Ce projet s’appuie sur une collaboration avec un réseau de partenaires et une grande partie de l’industrie de la pêche, avec pour objectif de favoriser la réutilisation des bouées échouées trouvées par les populations locales océaniennes. La CPS, qui recueillait déjà des données sur ces échouements, s’est récemment associée au projet ReCon en tant que partenaire et en collaboration avec les services des pêches dans un grand nombre de pays océaniens déjà membres du réseau de collecte de données. L’objectif est d’atténuer les éventuels effets négatifs sur l’environnement et la pollution marine causés par les bouées qui s’échouent sur les côtes, bien loin des zones de pêche où elles avaient initialement été mises à l’eau. Bon nombre des bouées trouvées sont en bon état et peuvent tout à fait être réutilisées par les populations océaniennes ou dans le cadre de projets locaux. Le projet ReCon permet de récupérer ces précieux appareils, qui auraient autrement été mis au rebut, et d’en faire une ressource pour les communautés locales qui les trouvent.

Lorsqu’une communauté trouve une bouée, c’est le partenaire local  –  le service des pêches ou l’ONG (tableau  2)  –  qui en est le premier informé. Ce partenaire recueille les informations relatives à l’échouement, notamment sur l’état de la bouée. Lorsque la bouée est jugée en bon état et si la personne qui l’a trouvée accepte de la confier au programme, Satlink se met en relation avec le propriétaire de la bouée pour solliciter un transfert de propriété en vue de sa réutilisation dans le cadre de projets locaux. Une fois l’accord du propriétaire obtenu, le partenaire local et Satlink se mettent d’accord pour réaliser différents tests visant à déterminer l’état des fonctionnalités de la bouée. Elle peut être réutilisée pour sa fonction GPS per‑ mettant de suivre les débris marins ou de localiser un DCPa, sa lumière pulsée peut marquer une passe ou une zone de pêche, ou son échosondeur peut être utilisé pour évaluer la quantité de poissons concentrés sous un DCP ancré local. Une fois les tests réalisés, plusieurs scénarios sont possibles :

  • Si une partie ou l’ensemble des fonctionnalités sont en bon état, la bouée est considérée comme réutilisable et prête pour une seconde vide, pour autant qu’elle puisse être utile dans un projet local.
  • Si plus rien ne fonctionne, ou si elle ne peut être utile dans aucun projet, Satlink et la CPS cherchent la meilleure solu‑ tion pour une mise au rebut responsable. Soit une filière locale de recyclage est utilisée (lorsqu’une telle filière existe) soit la bouée est envoyée au siège de Satlink, en Espagne, afin que tous ses composants puissent être recyclés.

Figure 2. DCP et/ou de bouées échoués (© bases de données des États fédérés de Micronésie, de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie).

Étude de cas en Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, un programme de collecte de données sur les DCP et bouées satellites échoués a été lancé en 2022, en partenariat avec le service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche (SPNMCP). Vingt-six DCP (22 DCPd et 4 DCPa) et 54  bouées échoués ont déjà été récupérés dans le cadre de ce programme. Parmi les bouées récupérées, cinq pourraient être de bonnes candidates pour le projet ReCon. L’une des bouées, attachée à un DCP ancré calédonien, a été remise à l’eau en décembre 2023, et une deuxième bouée devrait suivre le même chemin dans les semaines à venir. Cette démarche pourrait présenter plusieurs avantages directs et indirects pour les populations et les associations de pêche locales :

i) un accès sûr à des ressources alimentaires ;

ii) la possibilité d’observer l’océan en temps réel et d’amélio‑ rer les prévisions et les systèmes d’alerte pour la sécurité en mer ; et

iii) l’observation de l’efficacité des DCPa (concentration des espèces ciblées) et de leurs effets sur l’environnement (prises accessoires). Si un DCPa se détache du fond marin, il sera possible de le localiser grâce au positionnement GPS de la bouée et d’alerter les services concernés à terre. Cette solu‑ tion permet de limiter les incidences sur l’environnement, mais aussi d’éviter de devoir fabriquer un tout nouveau DCP, dont le prix peut atteindre dans la région plus de 2 500 dollars des États-Unis.

Tableau 2. Coordonnées des partenaires participant au programme de collecte de données sur les DCP échoués.
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De manière générale, les projets actuels pourraient permettre de créer du lien entre la pêche thonière en haute mer et les com‑ munautés côtières à travers le Pacifique. D’une part, les pro‑ grammes de collecte de données fournissent des informations cruciales concernant les engins de pêche abandonnés, perdus ou rejetés par l’industrie de la pêche thonière ainsi que leurs effets sur les écosystèmes. Et d’autre part, le projet ReCon per‑ met de réduire la pollution des littoraux et d’alléger le fardeau des communautés locales, tout en offrant aux populations océa‑ niennes la possibilité de tirer avantage des DCP échoués. Les bouées qui sont réutilisées contribuent au développement de la pêche artisanale et/ou de projets de conservation. Le projet ReCon favorise la mise en place d’une économie circulaire ainsi que le développement des communautés, et il permet de réduire l’impact des bouées échouées sur les littoraux océaniens.

Le programme régional de collecte de données continue de s’étendre et devrait couvrir la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Samoa et les Îles Salomon en 2024. L’objectif est que ce pro‑ gramme serve de sentinelle pour le suivi des pertes de DCP et de leurs conséquences, tandis que la pêche à la senne évolue de par la mise en place de nouvelles mesures de gestion. Grâce au partenariat forgé avec la CPS, le projet ReCon sera également lancé aux États fédérés de Micronésie, aux Îles Cook et aux Îles Marshall dans les prochaines semaines, ce qui permettra de réu‑ tiliser encore plus de bouées.

Les coordonnées des partenaires participant à la collecte de données sur les DCP échoués dans plusieurs États et Territoires insulaires océaniens sont fournies dans le tableau 2. Les États et Territoires insulaires océaniens qui n’apparaissent pas dans la liste ne disposent pour l’instant pas d’un tel programme de collecte de données. Néanmoins, si vous trouvez un DCP et/ou une bouée, merci de contacter votre service des pêches ou d’envoyer un courriel à Jennyfer Mourot (Assistante de recherche  –  DCP, [email protected]) ou à Lauriane Escalle (Chargée de recherche halieutique principale  –  DCP, [email protected]).

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Bibliographie

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Pour plus d’information :
Jennyfer Mourot, Assistante de recherche - DCP, CPS | [email protected]
Lauriane Escalle, Chargée de recherche halieutique principal - DCP, CPS | [email protected]

Télécharger la Lettre d'information sur les pêches n°172 : https://bit.ly/3TK4FZ6

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Pêche, Aquaculture et écosystèmes marins

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