Flora Aurima Devatine, Écrivaine et Poète, Polynésie Française]
« En deçà et au-delà… / Sur nos chemins de partage... / L’apport par chacun de son brin de conscience… / La chose à transmettre / L’esprit de juste mémoire / Tailler, ajouter, renouer, rénover /Aplanir, étendre et retresser la natte humaine.
Flora Devatine, Adresse »
(Littérama’ohi n°5, 2004; anthologies et recueil de poésie, Editions Bruno Doucey, 2011, 2015, 2016)
La culture polynésienne, les droits des femmes, le rôle de la femme dans la transmission de la culture sont prégnants dans la vie et l’œuvre de l'auteure et poète Polynésienne de 75 ans, Flora Aurima Devatine, qui a consacré sa longue carrière à la reconnaissance d'une « conscience polynésienne ».
Elle a depuis longtemps promu la langue et la culture polynésiennes à travers ses écrits et sa poésie ainsi que dans son travail en tant que professeur d’Espagnol de lycée-collège pendant près de trois décennies, y enseignant également le Tahitien, et en même temps, la langue et la poésie tahitiennes en tant que vacataire à l’Université. En juin 2017, Flora a été élue directrice de Te Fare Vana'a, l’Académie tahitienne, une institution culturelle chargée de normaliser, de sauvegarder et d’enrichir la langue tahitienne, et dont elle est membre depuis sa création en 1972.
C’est dans ce contexte, ancrée dans sa culture, que Flora a été la première Déléguée d'État à la Condition Féminine puis aux Droits des Femmes de 1979 à 1984. Elle a également été membre de nombreuses associations féminines et culturelles dont le club Tahiti/Papeete du Soroptimist International Union française, le Centre d’Information des Droits des femmes et des Familles (CIDFF) de la Polynésie française, qu’elle a présidé, et le Conseil des femmes de Polynésie française, dont elle est membre d’honneur, le centre d’accueil Pu o Te Hau pour les femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales.
Mme Aurima Devatine a reçu de nombreuses récompenses dont un « Diplôme d’Honneur » en 2002 « décerné par la Ministre de la Culture chargée de la Promotion de la Femme, par la Présidente de l’Assemblée de Polynésie française, et par la Présidente du Conseil des Femmes », pour « Son rôle déterminant dans la prise de conscience, la mobilisation et l’organisation de la Promotion des femmes », ainsi que dans la promotion de la culture et de la littérature polynésiennes. Elle a dirigé Littérama’ohi, la première revue littéraire polynésienne qu’elle a créée en 2002 avec six auteurs polynésiens. Elle a publié des recueils poétiques et de nombreux articles sur la femme, sur la culture, sur l’oralité, sur la langue d’écriture, dont certains sur la littérature et sur les performances océaniennes autochtones, en collaboration avec Estelle Castro-Koshy, chercheur.
Elle a reçu, en juin 2017, le Prix Heredia de l'Académie Française pour son recueil de poésie Au vent de la piroguière - Tīfaifai.
Son œuvre est aussi d’avoir attisé par sa bienveillance généreuse et son génie humble l’intérêt pour l’écriture en Polynésie, et l’intérêt pour la littérature polynésienne au-delà de l’Océanie..” déclare Estelle Castro-Koshy. Avec Flora Aurima Devatine, les lettres et la culture polynésiennes ont vogué de la France à la Nouvelle-Calédonie-Kanaky, de Londres à Hawaii, de Budapest à Bruxelles, de Cambridge à San Francisco » ajoute Mme Castro-Koshy*.
*Estelle Castro-Koshy. Texte écrit à San Jose, Californie, en septembre 2015,
E a fa’ahotu e
A rohi e te mau tamari’i e
E a fa’ahotu i te ihi tupuna e
A paihi i te rito o TA’AROA e
Tei te maheirava roa e
Te mau ‘aepau a huti marie
A titau i te tahuhu o te ra’i e
E ara roa, e ara tuari’i,
Te ara o te anavaharau e
Flora Devatine
Fa’atara d’exhortation (1979)
Courage les enfants
Faites fructifier la culture de vos ancêtres
Extirpez la quintessence de TA’AROA
Qui en est à son dernier souffle
Dépositaires de la sagesse
Aspirez-la lentement
Cherchez à atteindre le plus haut sommet
C’est un long chemin,
Un chemin bien difficile
Le chemin de la Connaissance